L’accès à l’information scientifique et à la science ont un coût financier qui n’est pas soutenable par toutes les institutions. Les différentes universités, partout dans le monde, n’ont pas les mêmes moyens pour assurer ces accès à leur personnel. Actuellement, il est discutable qu’une personne ait facilement l’accès à un produit de la science et difficilement à la science et à l’éducation par la science. Je suis certain que ce sentiment est partagé par de nombreuses personnes à travers le monde.
Dans le monde de l’édition scientifique, le coût de la diffusion des résultats de travaux de recherche peut constituer un frein ou un obstacle pour certaines institutions. En effet, certaines revues d’édition scientifique imposent des frais de publication « Article Processing Charges » (APC) aux chercheurs-auteurs afin que leurs articles soient publiés dans des périodiques en libre accès.
La Science Ouverte (SO) du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) a réalisé en 2020 une étude rétrospective et prospective sur le nombre d’articles avec APC publiés par des auteurs affiliés en France (Retrospective and prospective study of the evolution of APC and electronic subscriptions for French Institutions ; Science Ouverte – Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, décembre 2022).
Elle montre que les éditeurs et les plateformes de diffusion de ces périodiques sont regroupés en quatre classes :
- La classe 1 comprend l’éditeur Elsevier.
- La classe 2 comprend trois éditeurs (Springer Nature, Wiley et MDPI).
- La classe 3 comprend 16 éditeurs.
- La classe 4 en comprend 1995.
Il en résulte que les auteurs affiliés en France publient à hauteur de 75 % dans la biologie et la recherche médicale (classe 2) ; les APC pour les revues hybrides s’établissent en moyenne à 2453 € en 2013 mais restent stables pour atteindre 2488 € en 2020 ; les APC pour les revues gold s’établissent en moyenne à 1395 € en 2013 mais atteignent 1745 € en 2020.
Dans cette étude, la SO de l’ESR a élaboré un modèle mixte du prix des APC en utilisant les données de confiance sur les articles. Dans ce modèle, il n’est pas tenu compte des articles pour lesquels le pays d’affiliation de l’auteur correspondant n’a pas pu être déterminé, ni des articles dont le montant des APC n’a pas pu être estimé avec suffisamment de certitude. Ce modèle a permis de prédire l’évolution du coût des APC entre 2020 et 2030 dans plusieurs situations.
En 2020, le coût des APC est de 30,1 M€. Auquel il faut ajouter les dépenses d’abonnements aux périodiques électroniques (APE) de 87,5 M€ ; soit un total de 117,6 M€.
En 2030, l’évolution à l’identique des tendances observées en 2020 engendre un coût d’APC de 50,6 M€ avec des dépenses d’APE de 97,5 M€ ; soit un total de 148,1 M€ (trends continue unchanged). L’accélération vers le Gold Open Access engendre un coût d’APC de 68,7 M€ (rushscenario) sans coût supplémentaire d’APE. La hausse du libre accès avec une transition du libre accès hybride vers gold engendre un coût d’APC de 38,5 M€ (relief scenario). Finalement, dans la simulation plafond où tous les articles d’auteurs correspondants affiliés en France seraient publiés à 90 % dans des revues en libre accès gold, le coût des APC serait de 168,7 M€ (full gold APC). Dans cette finalité, seules 10 % des revues sont établies sur un modèle diamant avec un accès gratuit pour le lecteur et l’auteur.
Dans ce contexte, le projet de Tr@nsmettreRIF a vu le jour sous l’impulsion de l’Université Paris-Est Créteil et ses différentes composantes en 2022. C’est une Revue d’Ingénierie Francophone avec un accès gratuit pour le lecteur et l’auteur selon le modèle diamant. Cette revue est pour vous et vivra grâce à vous.
R. Souktani